Avoir une portée de Berger Australien,
bonne ou mauvaise idée ?
Le présent document n’est évidemment pas exhaustif et sa lecture ne saurait vous laisser croire que la maîtrise de la conduite d’un élevage y est détaillée.
Ce document répond à une très grande demande, de plus en plus importante, des particuliers à avoir une portée de chiots.
Etant entendu qu’il est de mon devoir de vous informer, je laisse le soin aux personnes réellement motivées mais également sérieuses et soucieuses du respect de l’animal, de lire ces quelques lignes qui ne sont qu’un résumé très succinct de la pratique de l’élevage.
Je laisse également le soin aux éleveurs de participer à ce document, en le reprenant, le modifiant, l’enrichissant, le contredisant… Toute contribution étant la bienvenue.
Il est entendu que je ne saurais cautionner les éleveurs de Bergers-Australiens non LOF et non testés pour les tares héréditaires : par leurs actes ils contribuent à la dégénérescence de la race pour quelques euros mal gagnés !
Le débat n’étant pas de l’ordre de « l’eugénisme canin » mais de préserver le standard (comportemental et physique) du berger-australien pour que ceux qui aiment le berger-australien tel qu’il est, aient la chance de pouvoir partager leur quotidien avec lui.
Les idées reçuesTordons le cou aux idées qui courent toujours :
Au contraire :
Donc :
(source de ce texte : club français des bergers-australiens)
Les bénéfices de la stérilisation sont donc très importants ! Si malgré tout vous vous posez la question d’avoir une portée… La suite est pour vous |
I. Les prérequis
1.1 Les prérequis côté chien
Avant d’envisager une portée de chiots Berger-Australien :
- Confirmer la chienne à partir de ses 12 mois
- et obtenir la confirmation, votre chienne bénéficiant ainsi de son inscription définitive au LOF
- Faire les tests : dysplasie hanche, coude et tares oculaires
- et obtenir de bons résultats
1.2 Les prérequis côté humain
Il n’est pas obligatoire de posséder le certificat de capacité à l’élevage des animaux domestiques lorsque l’on fait moins de deux portées par an, cependant il me semble que c’est bien là le minimum… Si le certificat n’est pas un examen difficile en soi, il vous oblige tout de même à potasser des ouvrages liés à l’élevage, ce qui est assez indispensable si vous prétendez vouloir élever des chiots…
En effet il faut bien garder à l’esprit que les complications liées à la gestation, à la mise bas ou encore à la période post-natale ne sont pas rares. Si vous partez du bon sentiment d’avoir des petits chiots tout mignons et que vous vous retrouvez avec des chiots morts ou encore avec votre chienne morte en couche faute de connaissances, je pense qu’il sera assez difficile pour vous de vous en remettre.
1.2.1 Côté disponibilités
C’est simple, il faut quelqu’un à temps plein avec les chiots. Impossible donc de travailler en même temps.
Je dirais même plus : il faut que l’éleveur soit là 24h/24h (donc la nuit également) et 7j/7j
1.2.2 Côté habitat
Il faut vivre dans une maison avec jardin. En effet, le bruit que font les chiots rend impossible (surtout pour vos voisins) la conduite d’une portée en appartement.
Le jardin est obligatoire, les chiots ont d’une part un grand besoin de faire les fous et d’autre part on ne peut pas sortir les chiots dans la rue.
En effet, les chiots qui ne sont pas encore vaccinés ne peuvent pas sortir dans la rue, ni rencontrer d’autres animaux à cause du grand risque de maladies.
Que l’on m’explique donc comment faire avec des chiots en appartements qui ne peuvent pas sortir dans la rue, ne serait-ce que pour faire leurs besoins ? On les laisse toute la journée à jouer dans leurs excréments, dans un petit parc de 1m par 1m installé dans le salon ? Ou alors on leur laisse accès à tout l’appartement et toute la journée on éponge les nombreux pipis, on ramasse toutes les crottes et on protège tous les meubles de leur grignotage ?
Bon et je ne parle même pas des conséquences futures sur la propreté du chiot qui mettra beaucoup de temps, s’il y arrive un jour, à comprendre que les excréments se font dehors et non dans la maison.
Tous ces prérequis sont validés ? Bien, il faut maintenant organiser le reste…
II. La sélection des géniteurs
Trouver un mâle, lui aussi LOF (pedigree définitif) avec de bons résultats aux tests des tares héréditaires (hanche, coude et oculaires).
Le mâle doit également venir « en complément » de votre chienne : d’un point de vue comportemental et morphologique.
Il faut également apprendre la génétique, ne serait-ce que des couleurs : certains mariages sont interdits !
La conséquence ? Des chiots avec du blanc envahissant pouvant donc être sourds et aveugles (je vous souhaite bon courage pour leur trouver une famille et pour assumer la naissance de ces chiots qui seront en difficulté toute leur vie)
Certains mariages donneront certaines couleurs, si vous voulez potentialiser les chances d’une portée dite « arc-en-ciel » (toutes les couleurs) il vous faudra étudier la génétique des couleurs… Vous n’aurez cependant aucune garantie.
Une fois le mâle choisi, le coût de la saillie sera environ égal au prix d’un chiot soit de 900€ à 1200€ (selon le pedigree).
Imaginons que vous avez bien étudié tout cela, que vous vous sentez au point, il faut maintenant que la chienne rencontre le mâle.
III. Organiser la saillie
Avant d’emmener votre chienne voir l’étalon vous devrez faire un suivi de chaleur, le cycle est précis et si vous vous trompez de quelques jours la chienne restera vide.
Tous les 2 jours vous devrez vous rendre chez le vétérinaire jusqu’à ce que la chienne ait son pic d’ovulation.
Une fois le pic d’ovulation atteint vous devez immédiatement présenter la chienne à l’étalon. La chienne devra rester quelques jours auprès du mâle pour permettre plusieurs saillies.
Etant donné qu’il s’agit de la première saillie pour votre chienne elle risque de se montrer agressive. Ne connaissant peu ou pas le mâle, et n’ayant jamais été monté on comprend aisément qu’elle ne soit pas forcément d’accord. Mieux vaut alors bien connaître les chiens et savoir décoder les signes annonciateurs…
Vous récupérez votre chienne quelques jours plus tard, tout s’est bien passé, il vous faut maintenant préparer la venue d’éventuels chiots.
IV. Préparer le futur nid
Passons donc aux achats.
4.1 La caisse de mise bas
C’est l’endroit où les chiots évolueront avec leur mère. Elle doit être lavable et lessivable donc pas de bois ! Elle doit posséder des barres anti-écrasements pour éviter que la mère n’écrase ses petits par accident.
- Pour un berger-australien la taille de la caisse sera de 1m50 par 1m
Prix : comptez 250€ pour une occasion et 330€ à 500€ en achat neuf selon la gamme.
La caisse de mise bas doit être dans un endroit calme, pas un endroit de passage mais suffisamment proche de vous pour que vous puissiez surveiller les chiots.
Il est banni d’enfermer la chienne et ses petits dans un garage sans lumière naturelle du jour ou autre pièce de ce genre !
4.2 Une lampe infrarouge et une potence pour la porter
Les chiots n’étant pas à même de maintenir la température de leur corps vous devrez surveiller la température du nid et brancher la lampe infrarouge lorsque la température est trop basse.
4.3 Plusieurs tapis Vetbed de la taille de la caisse
Les premières semaines les chiots font tous leurs besoins dans la caisse de mise bas, ils doivent cependant être maintenus au sec et au chaud, d’où l’usage de tapis Vetbed. Le tapis devra être changé régulièrement, tous les 2 jours environ, il faut donc en avoir plusieurs pour permettre un roulement.
Prix : comptez 60€ le tapis en 100cm par 150cm.
4.4 Du lait maternisée pour chiot
En pharmacie achetez ce lait en poudre spécialement conçu pour les chiots !
Imaginez que la mère meurt après la mise bas, il vous incombera de nourrir les chiots au biberon toutes les 3 heures (de jour comme de nuit). Vous devez donc avoir acheté ce lait avant le jour de la mise bas. Préparez-vous à cela également et voyez comme 100% de votre disponibilité est obligatoire !
Si ce cas se présente, prévoyez également de les stimuler à la main pour qu’ils puissent faire leurs excréments… Voir chapitre « Les chiots sont nés ».
4.5 Des croquettes premium pour chiot
La mère devra être nourrie avec des croquettes premium pour chiot, à haute digestibilité et ceci dès la période de gestation.
Les chiots seront par la suite nourrie avec ces mêmes croquettes. (Comptez 65€ à 70€ par paquet de 15kg)
V. Soin à la mère
Avant la mise bas la mère devra passer à des croquettes pour chiot de haute digestibilité, pour lui permettre de compléter ses besoins nutritifs grandissants.
Elle devra être vermifugée avant la mise bas (voir avec votre vétérinaire).
Entre 4 et 5 semaines de la supposée gestation, une échographie sera réalisée chez votre vétérinaire.
VI. Mise bas et naissance
6.1 La mise bas c’est pour bientôt
Vous devez surveiller le temps de gestation et compter les jours, une gestation trop longue est suspecte !
Quelques jours ou heures (selon les chiennes) avant la mise bas votre chienne va se mettre à haleter, à tourner, elle ne tiendra plus en place et montrera des signes de nervosité.
Montrez lui son nid, rassurez là et tenez vous prêt pour la mise bas. En effet, vous devrez être là !
6.2 La mise bas est en court
Il s’agit de la première mise bas pour votre chienne, elle est donc primipare.
Assistez votre chienne, sans vous montrer trop présent, soyez simplement prêt à intervenir en cas de difficultés.
Ecartez tous les animaux de la maison, la chienne peut se montrer agressive. Eviter l’attroupement, une seule personne suffit et il devra s’agir d’une personne en qui la chienne à toute confiance.
Il y a beaucoup de choses à vérifier durant la mise en bas dont certaines qui demandent connaissances et techniques.
Voici les très grandes lignes :
- Notez les heures de naissance pour chaque chiot et surveillez le temps entre 2 naissances.
- Comptez les placentas et vérifiez que la chienne les a tous bien expulsés, attention la chienne les mange au fur et à mesure il faut donc être vigilant pour bien tous les compter. Surtout, laissez la chienne les manger, contentez-vous de les compter ! S’il en manque (un ou plusieurs) appelez votre vétérinaire.
- Surveillez que la chienne lèche les petits et coupe les cordons ombilicaux. Vous avez l’impression qu’elle va les mordre par erreur en voulant attraper le cordon ombilical, lorsqu’elle mâchouille le cordon cela fait un drôle de bruit : laissez là faire, elle s’est très bien ce qu’elle fait !
6.3 Les chiots sont nés
Dans le cas où tout s’est bien passé il est temps de laisser la mère prendre soin de ses chiots.
Installée dans sa caisse de mise bas la chienne doit avoir de l’eau à proximité.
Changez le tapis qui sera plein de sang de la mise bas, vérifiez la température du nid, au besoin mettre la lampe chauffante en restant vigilant.
Si la mise bas s’est très mal passée et que la chienne est morte en couche.
Vous devez réchauffer le nid, les petits n’ayant aucun moyen de se réchauffer et la mère ne pouvant plus assumer ce rôle. Il faut donc installer la lampe chauffante et bien surveiller la température du nid.
Pour les biberons prévoyez un biberon de lait pour chiot (lait de vache interdit !) toutes les 3 heures y compris la nuit, évidemment ! Voir avec votre vétérinaire pour le planning des biberons.
Pendant les premières semaines, le chiot est incapable de faire ses besoins tout seul, il faut stimuler ses organes génitaux à l’aide d’un sopalin humide (qui imite la langue de la maman) afin qu’il élimine. On peut aider le chiot à éliminer avant chaque biberon puis un quart d’heure après. Les selles sont pâteuses et couleur moutarde.
6.3.1 La queue des chiots
Le berger-australien étant une race dont les queues étaient systématiquement coupées, il est aujourd’hui convenu de laisser les queues longues compte tenu du fait que la loi interdira certainement très prochainement la coupe des queues, à l’instar de nos voisins suisses… Certains chiots naîtront avec des bouts de queues très moches, du fait de la génétique modifiée par des décennies de queues coupées. Si pour des raisons esthétiques vous décidez de faire couper les queues trop vilaines, vous avez seulement 2 jours après la naissance pour le faire.
Vous devrez déplacer toute la fratrie ainsi que la mère ! Pour éviter que le chiot est un trop grand stress et pour éviter que la mère ne cherche partout son petit.
6.3.2 Surveillance des chiots
Tout au long de l’évolution du chiot, il faudra, dans tous les cas :
- le peser pour évaluer sa croissance
- éviter tout contact avec d’autres animaux
- surveiller son état de santé et notamment ses excréments : une diarrhée chez le chiot est souvent fatale ! S’il s’agit d’une maladie contagieuse et que vous ne faites rien vous perdrez la portée.
6.3.2 Surveillance de la mère
- d’une alimentation de haute qualité et de haute digestibilité à volonté car les ressources que lui demande l’allaitement sont énormes
- d’un endroit calme pour élever ses chiots, le stress de la chienne pouvant couper sa montée de lait
- d’une attention particulière concernant l’état de ses mamelles : là encore de graves complications peuvent intervenir.
VI. Les chiots grandissent
En grandissant les chiots vont avoir de plus en plus de besoins :
- il vous faudra faire la transition du lait maternel vers la nourriture solide (croquettes premium pour chiots) : pour cette étape documentez-vous.
- il faudra être auprès d’eux, pour jouer, gratouiller, papouiller : sociabilisation.
- vers 5 semaines ils supporteront de moins en moins d’être dans la caisse de mise bas : comprenez bien qu’ils commencent à s’ennuyer ferme ! Si le temps et la T°C le permettent et seulement dans ce cas-là, vous pouvez commencer à les mettre dehors dans votre jardin. Attention toujours aucun contact avec d’autres animaux qui ne seraient pas les vôtres et dont vous ne sauriez garantir l’état de santé et les vaccinations !
VIII. Les frais liés aux chiots et les documents administratifs
A la Société Centrale Canine :
- déclaration de saillie
- déclaration de naissance
- inscription de la portée au LOF
- déclaration de changement de propriétaire
Chacun de ses actes est payant
Chez le vétérinaire :
- vaccination
- vermifuges
- identification
- certificat de bonne santé
Au quotidien :
- croquettes premium environ 65€ le sac de 15kg (comptez en 3)
- lait maternisé pour chiot
Renseignez-vous bien ! Celles-ci évoluant vous devez vous informer des éventuelles modifications législatives.
IX. Trouver les futurs maîtres
Vous souvenez-vous ?
Lorsque vous avez choisi votre chiot…
Avez-vous été exigeant ? Avez-vous demandé à voir plein de photos, de vidéos ? Avez-vous regardé le pedigree des parents ?
Avez-vous apprécié d’avoir un site internet complet ? Auriez-vous acheté simplement en lisant une petite annonce sur Internet ?
J’en entends certains se dire « aïe, aïe, aïe ! »
Un site de 5 pages, sans mise à jour possible de votre part, coûte entre 700€ et 1000€.
Les actes de mises à jour sont payants… Le prix varie en fonction du prestataire.
Enfin, lorsque vous aurez des personnes que vous penserez être de bons maîtres (car vous aurez beaucoup de demandes très farfelues voire irresponsables) pour un berger-australien (important de le préciser !) vous devrez laisser partir vos chiots et croyez-moi ce n’est pas facile ! L’attachement est là et le vide qu’ils laissent derrière eux est grand…
X. Maintenant on fait les comptes !
Pour une primipare nous allons compter 4 chiots et nous nous basons sur les prix moyens constatés en 2011 (chaque année les frais augmentent, notamment au niveau des papiers administratifs) :
- caisse de mise bas : 250€ minimum
- lampe infrarouge + ampoule : 50€
- tapis vetbed : 180€ minimum
- croquettes : 260€ minimum
- lait maternisé : 32€ minimum
- confirmation de la mère :40€
- tests des tares : 300€
- suivi des chaleurs : 200€
- saillie : 950€ minimum
- déclaration de saillie : 10€
- visite après 4 semaines de gestation + échographie : 80€
- queues à couper ? : 70€
- vaccins, identifications, vermifuges, passeport : 500€
- déclaration de portée : 92€
- changement de propriétaire : 15€
10.1 Nous ne comptons pas :
- le coût d’un site internet et de son hébergement (coût trop important)
- le coût des petites annonces pour la vente (trop variable)
- le coût des trajets chez le vétérinaire, pour la saillie…Etc (trop variable)
- les coûts additionnels en cas de problèmes de santé des chiots, de la mère, de complications…etc (trop variable)
- le coût de chiots pour lesquels vous n’aurez pas de propriétaires à la fin des 8 semaines réglementaires (trop variable)
- le coût dans vos impôts (impossible à calculer, cela dépend de vos revenus)
Et pourtant nous en sommes déjà à 3029€ de coût que vous devrez par ailleurs investir avant d’avoir encaissé la vente des chiots…
A noter que cet investissement est donc bien un investissement minimal auquel vous ne dérogerez pas… Les coûts additionnels et imprévus ne feront qu’augmenter la note !
Attention : selon les régions les tarifs vétérinaires varient du simple au double.
10.2 Si parvenez à trouver des propriétaires pour chacun de vos 4 chiots et que vous les cédez :
- 1000€ alors : (1000€ * 4) – 3029€ = 971€ gagné en 2 mois (les chiots ne pouvant être cédés avant 8 semaines)
- soit 485,50€ / mois
- 950€ alors : (950€ * 4) – 3029€ = 771€ gagné en 2 mois
- soit 385,50€ / mois
- 850€ alors : (850 * 4) – 3029€ = 371€ gagné en 2 mois
- soit 185,50€ / mois
Il convient de faire le calcul comme s’il s’agissait d’un salaire puisque vous ne pouvez pas avoir d’activité salariée pendant ce temps-là.
La-dessus il faut encore enlever les frais liés aux points évoqués ci-dessus mais également les impôts que vous paierez dessus.
A méditer donc !